Comment déclarer sa flamme ?

Période de Saint-Valentin oblige. On montre son amour, on l’affiche de façon ostentatoire, on le placarde, on l’exhibe en vitrine. Mais ose-t-on le verbaliser avec autant d’ardeur ?

Les sentiments amoureux sont parfois de l’ordre de l’indicible. Comment dire « je t’aime » ? Pourquoi le dire quand on peut le (dé)montrer ? Faut-il le dire en tout début de la relation ou attendre ? Faut-il être le premier à le dire ? Comment être sûr qu’il sera bien reçu ?

Parce que ces mots ne sont pas toujours simple à prononcer, parce qu’on y projette parfois beaucoup plus que ce qu’ils signifient, parce qu’on a parfois juste envie de lancer un « bordel je t’aime », parce que c’est si bon à entendre, parce que c’est tout ce qu’il y a de plus naturel… vous trouverez, en ce jour de la fête de l’amour, quelques réponses ici.

De l’intérêt de déclarer sa flamme

Nous vivons dans une société et à une époque où la déclaration d’amour est ringarde, voire proscrite. On préfère les actes aux paroles.

On a été élevés à la soupe « l’action signifie toujours plus que les mots. » Les hommes doivent prouver leur amour afin d’être digne d’être aimée. Les femmes doivent sortir de leurs niaiseries romantiques, oublier les « paroles, les paroles, les paroleuuux » et se fier aux actes de leur compagnon. Il faut agir, se battre pour conquérir et démontrer son amour.

Ainsi, l’homme Alpha ne se déclare pas. Jamais. Le leader charismatique, l’homme attirant et confiant, l’homme moderne, n’a pas le temps et surtout PAS BESOIN de parler de sentiments. Au mieux il démontre son amour dans ses gestes au quotidien : il surprend la femme qu’il aime en lui offrant une nouvelle voiture, il fait chauffer sa carte de crédit afin de lui offrir tout ce qu’elle mérite, il enlace sa bien-aimée de ses biceps saillants et sécurisants quand elle a besoin de réconfort. Mais jamais, au grand jamais il ne prononcera les mots « je + t’ + aime » au coin du feu. Comme si « je t’aime » était un gros mot et le romantisme un concept obsolète.

Le modèle dominant qui prône que les actes valent bien mieux que les paroles, n’est-il pas discutable ? La valeur des actes est-elle vraiment supérieure à celle des mots ? Montrer son amour est-ce suffisant ?

Si c’était le cas, les non-dits ne seraient pas source de souffrance et d’insatisfaction. Force est de constater que la verbalisation de son amour a son importance, elle est complémentaires à toutes les démonstrations quotidiennes. Et pour une raison ou pour une autre, à différents stades dans la relation, le besoin de dire « je t’aime » se fait sentir. Le besoin de l’entendre également.

Même s’il n’est pas toujours facile à exprimer.

La difficulté du dire je t’aime

Il arrive que ces mots génèrent une incompréhension, un malaise ou de la peur. Du côté de la personne qui le dit et pour la personne qui le reçoit.

Pourquoi ?

  1. Il y a plusieurs définitions du mot « aimer » selon chaque individu, son vécu, sa vision de l’amour, sa personnalité et ce qu’il y projette (peur, croyances…).
  • Le je t’aime = j’aime ce que tu es, ta façon d’être et de voir le monde, ton intégrité, ta bouille au réveil, ton grain de beauté sur la fesse gauche;
  • Le je t’aime = j’aime ce que nous sommes, je + toi, ce qui nous lie et ce que nous partageons;
  • Le je t’aime éphémère, à cet instant précis : j’aime ce que tu me fais ressentir là tout de suite maintenant, et la manière dont tu me vois;
  • Le je t’aime-engagement : je veux faire évoluer notre relation avec toi, t’engages-tu à la vivre et la faire évoluer avec moi ? (Ce « je t’aime » est souvent celui qui fait fuir la gent masculine)
  • Le je t’aime-validation : Je t’aime-rassure-moi-tu-m’aimes-aussi ?
  • Le je t’aime-peur de l’abandon : je t’aime-ne-me-quitte-pas !
  • Et bien d’autres…

Cette diversité des significations de ces trois mots complique sa compréhension car il peut y avoir un décalage entre votre définition de ces mots (engagement, don de soi, confiance…) et celle de votre compagne. Il n’est donc pas toujours aisé de les comprendre, parce que parfois très éloignées de nos propres définitions.

  1. Lorsqu’on ne le dit jamais (ou peu souvent) ou qu’on ne nous les a jamais dit, les prononcer un jour (et se l’entendre dire) prend une importance toute particulière.

Pour quelqu’un qui n’est pas habitué à verbaliser son amour, ces 3 petits mots, gros de leur signification, et de tout ce qu’on y projette, deviennent tabous, imprononçables. Se déclarer prend une dimension incommensurable car l’acte en lui même semble déjà signifier trop.

La difficulté du dire « je t’aime » peut s’expliquer par:

– de la pudeur

– un manque d’expertise en la matière car pas souvent entendu ni prononcer

– des habitudes sociétales qui ne favorisent pas les déclarations d’amour dans leur forme les plus simples

– une difficulté à assumer ses sentiments et à les exprimer à la personne aimée par peur de sa réception ou une non réciprocité

– une incompréhension de ce qu’on y projette l’un et l’autre

Cependant ces mots expriment bel et bien un besoin naturel. Un besoin d’être aimé, acté par la verbalisation de ce sentiment et un besoin d’aimer retranscrit par leur prononciation.

Alors comment le dire et à quel moment ?

Comment dire je t’aime

Grandes ou petites, les déclarations peuvent parfois être prise de tête.

De la même manière qu’il est préférable d’assumer son intérêt au début d’un processus de séduction, la première chose importante est d’assumer ses sentiments pour réussir à se déclarer. Vos sentiments sont ce qu’ils sont, n’en ayez pas honte.

Ensuite je pense qu’il est important de communiquer sur votre difficulté à l’exprimer par des mots, afin de rassurer votre compagne sur vos sentiments et qu’elle devienne compréhensive et bienveillante face à cette difficulté.

  •  Si l’oral n’est pas envisageable pour vous pour l’instant, vous pouvez commencer par l’écrit : une lettre d’amour, une carte ou un post’it d’amour. Simple et sans chichis, ça fait plaisir. Cela peut être une première étape avant de le dire en face-à-face.
  • Si vous n’arrivez pas à dire je t’aime aux gens qui vous sont proches et avec qui il y a déjà ce « passé de mots tabous » entre vous, commencez par le dire à vos amis ou aux gens pour lesquels vous savez qu’il n’y aura aucune ambiguïté. Ce sera peut-être plus facile.
  • Ne négligez pas bien sûr les « je t’aime » dit avec un regard, un sourire ou une envie de faire plaisir: « je suis aussi gracieux qu’un éléphant estropié mais je t’offre un strip tease ce soir parce que je t’aime, j’aime te voir sourire, j’aime te rendre heureuse ». Peut-être aurez-vous vos propres mots pour vous dire que vous vous aimez, d’autres mots, plus forts, qui auront une signification de je t’aime pour tous les deux.
  • Si vous vous déclarez à l’oral : comme dit précédemment, chacun a ses propres interprétations de ce mot. Une explication s’impose donc souvent pour éviter toute projection de sens et les malentendus. Je vous conseille d’accompagner votre déclaration de quelques mots qui peuvent définir, préciser ce que vous souhaitez dire.

En clair, mieux vaut un « Je t’aime ET tes pâtes au pesto fait maison c’est de la bombe » qu’un « Je t’aime. Comprendra qui pourra, tu es assez intelligente pour deviner hein! »

Quand dire je t’aime ?

  1. Quand les mots vous brûlent les lèvres, quand vous en ressentez le besoin
  1. En toute intimité car cela donne plus de liberté à l’autre pour réagir, répondre (ou non) sans pression ou regard extérieur.
  1. Lorsque l’intérêt est mutuel ? A-t-on besoin d’une réciprocité pour aimer et pour dire son amour ? Faut-il attendre qu’elle nous ai dit je t’aime ?

Je sais que beaucoup d’hommes se sentent en position de vulnérabilité ou d’infériorité à l’idée de se déclarer. Certes vous éprouvez un sentiment envers une femme et en le partageant vous laissez voir une part de sensibilité, de ce que l’autre produit chez vous. C’est un constat. Mais en aucun cas ça ne donne à cette femme un quelconque pouvoir/droit sur vous, ça ne veut pas non plus dire que vous donnerez tout pour elle.

Et lorsque les sentiments sont là, l’attente d’une réciprocité n’est-elle pas vaine ? Est-ce que si tu ne m’aimes pas, cela m’empêche de t’aimer ?

  1. Faut-il le dire en début de relation ou attendre ?

Je dirais que si vous deviez attendre, ce serait dans le but vous faire une idée de sa vision de l’amour, et des projections qu’elle y met. Afin de s’y adapter et choisir comment le dire pour que ce soit le mieux reçu et compris possible. Et afin de prendre le temps de formuler une signification claire qui accompagnera ces mots.

Et s’il devait y avoir de mauvaises raisons de se déclarer, je dirais qu’il faut éviter :

  • un je t’aime qui vient pallier une peur d’agir et de montrer son intérêt
  • un je t’aime alors qu’il n’y a pas de réel lien avec la personne à qui vous le dites
  • un je t’aime = j’ai envie de toi, confondu au désir de posséder
  • un je t’aime = donne moi de l’attention
  1. Et si ma déclaration n’était pas bien reçue ?

Lorsqu’on attend une réponse, une absence de réponse pique l’ego.

Même s’il n’est pas verbalisé en retour, prêtez attention à comment est-ce qu’il est non-verbalement reçu. Est-ce qu’elle sourit, vous prend dans ses bras, vous remercie ? Peut-être qu’elle même ne sait pas comment vous le dire. Peut-être qu’elle n’en est pas encore au stade où elle le ressent et peut le formuler. Mais une absence de réponse, ne veut pas dire que vos sentiments ne sont pas entendus et acceptés.

Si vous vous rendez compte que celle que vous aimez ne partage pas ce sentiment et que ce décalage entraîne une rupture dans la relation. Ce ne sera jamais de la faute de vos sentiments, c’est de la faute à Pasdebol !

En soi la réception est-elle si importante ?

Je finis par croire qu’il n’y a pas de je t’aime raté. C’est un sentiment que JE ressens, c’est un fait, la réalité de « je ». Donc « je t’aime » ne peut pas être raté. Un je t’aime qui fait fuir ou intimide reste un je t’aime. La réaction de l’autre n’enlève rien au sentiment. Peu importe le retour ou l’absence de retour.

J’aimerais donner un mode d’emploi, j’aimerais qu’il en existe un mais il n’y en a pas. Rien de tel qu’un je t’aime dit au feeling de façon inattendue et sans conséquence.

Je t’aime c’est tout.

Étant moi même très peu douée pour prononcer ces mots, et les ayant peu entendus plus jeune, je me reconnais bien dans cette difficulté à se déclarer, à dire et à entendre un « je t’aime ».

J’ai toujours voulu aller vers une légèreté du « je t’aime » sans conséquence, nettoyé de toutes les projections et constructions sociales, désintéressé et libre de tout sous-entendu ou d’engagement, et surtout libre de toute attente de déclaration en retour.

Et pour aller vers un je t’aime léger et non engageant, je suis pour la désacralisation du je t’aime. Ces mots ont leur importance (et leur absence peuvent parfois être source de souffrance) mais sans les surestimer, il faut leur rendre leur place et leur signification. Sans les banaliser non plus, je ne veux pas leur faire porter la charge dramatique du label Walt Disney qui est la porte ouverte à tout type de projections et déceptions.

Mon « je t’aime » doit être pris pour ce qu’il est : un sentiment (pas forcément permanent) que JE ressens et rien d’autre. Si une explication l’accompagne alors il prend un autre sens. Sans explication, les projections n’ont pas lieues d’être.

J’ai souvent eu envie de dire :

« Hey, je t’aime mais ce n’est pas grave tu sais. Ce n’est pas une maladie, ni un gros mot. Ce sont trois petits mots qui expriment ce que JE ressens. Et je n’y mets rien d’autre derrière, je n’attends rien. Je t’aime c’est tout. »

Parce qu’aucun de mes mots ne résumeront mieux ma pensée sur le « dire je t’aime », je vous laisse avec cette vidéo.

Joyeuse Saint-Valentin ! 😉

Signée: une handicapée du Je t’aime qui se soigne.

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